Eel kisspeptins : identification, functional activity, and inhibition on both pituitary LH and GnRH receptor expression.

15 fév 2018

Eel kisspeptins : identification, functional activity, and inhibition on both pituitary LH and GnRH receptor expression.
Pasquier J, Lafont AG, Denis F, Lefranc B, Dubessy C, Moreno-Herrera A, Vaudry H, Leprince J, Dufour S, Rousseau K. 2018. Frontiers in Endocrinology 8:353. doi: 10.3389/fendo.2017.00353

L’anguille européenne (Anguilla anguilla) présente un blocage de la maturation sexuelle à un stade pré-pubertaire dû à une déficience de production de gonadotropines (LH et FSH). Nous avions initié l’étude chez l’anguille, de la kisspeptine (Kp), neuropeptide jouant un rôle majeur dans le contrôle de la puberté chez les mammifères, et identifié deux gènes codant pour Kp (Kiss1 et Kiss2) au lieu d’un seul chez les mammifères.

Cette étude a été poursuivie dans le cadre de l’ANR NEMO « Neuropeptides in Marine Organisms », en collaboration avec l’Institut Européen des Peptides (Rouen). Ici, nous avons cloné et séquencé les ADNc de Kiss1 et Kiss2 à partir de cerveau d’anguille. Les distributions tissulaires de leurs transcrits ont montré que les deux gènes sont exprimés majoritairement dans le cerveau et l’hypophyse d’anguille. Les séquences des deux peptides matures prédits chez l’anguille, Kp1(15 aa) et Kp2(12 aa), ainsi que les séquences correspondantes minimales de 10 aa caractéristiques des kisspeptines, ont été synthétisées et leurs fonctions analysées. Par l’utilisation de cellules CHO transfectées avec le récepteur de Kp de rat, nous avons trouvé que les quatre peptides d’anguille peuvent se lier au récepteur mammalien, et activer la voie de signalisation calcique intracellulaire. Dans des cultures primaires de cellules hypophysaires d’anguille, les quatre peptides s’avèrent capables d’inhiber de manière spécifique et dose-dépendante l’expression de lhb, sans aucun effet sur fshb. De plus, nous avons montré que les quatre peptides d’anguille inhibent également l’expression d’un récepteur à la GnRH (gnrh-r2).

Nos résultats révèlent que, chez l’anguille, les kisspeptines exercent un double effet inhibiteur, en réduisant l’expression de la LH directement au niveau hypophysaire et en diminuant aussi la sensibilité de l’hypophyse à la GnRH via la réduction de l’expression d’un récepteur à la GnRH. Le système kisspeptine pourrait contribuer au fort contrôle inhibiteur de la puberté chez l’anguille européenne. Cette inhibition chez l’anguille contraste avec le rôle de stimulateur de la kisspeptine chez les mammifères et révèle d’importantes variations du rôle fonctionnel du système kisspeptine chez les vertébrés en dépit d’une forte conservation moléculaire.

Contact BOREA : Karine Rousseau, maître de conférences MNHN