- Membres
- Céline ARTERO
Céline ARTERO
CEMARB et DEPAAR2B
Dans le contexte de changement climatique, la production d’énergie constitue l’un des défis socio-économiques et environnementaux majeurs des décennies à venir et soulève d’importants enjeux stratégiques, économiques et financiers.
Les énergies marines renouvelables (EMR), basées sur le vent, les marées et les courants marins font des océans et des mers une source inépuisable d’énergie permettant de produire de l’électricité.
Le développement des EMR est considéré comme l’un des principaux axes de la transition énergétique. Cependant, le développement des énergies marines implique de définir la « co-utilisation » du milieu marin avec les autres usagers de ce milieu. Le bruit, les vibrations, l’interruption de continuité écologique et les perturbations des champs électromagnétiques sont listés comme potentiels impacts négatifs des EMR sur les espèces marines (IUCN, 2014 ; Copping et al. 2021). Afin de protéger la biodiversité. Le projet de recherche CEMARB vise à étudier l’impact des EMR sur la biodiversité marine à travers deux types d’EMR, l’énergie tidale et l’énergie éolienne off-shore. Ces deux types d’EMR peuvent présenter des défis pour les espèces aquatiques :
- une perturbation physique le continuum écologique entre la mer et l’eau douce qui correspond au passage obligatoire des espèces migratrices et certaines espèces estuariennes ainsi que le siège de fonctions écologiques essentielles.
- une perturbation de l’orientation et de la recherche alimentaire de certaines espèces comme les élasmobranches (Kalmijn 1971, Montgomery & Bodznick 1999) liée aux modifications des champs électro-magnétiques générés par les câbles sous-marins de transport d’électricité entre les parcs éoliens marins et la côte.
Ces deux volets sont abordés dans le projet Cemarb. Le premier volet s’intéresse aux déplacements dans l’estuaire de la Rance de deux espèces d’intérêt écologique majeur, l’anguille européenne Anguilla anguilla en danger critique d’extinction et la raie brunette Raja undulata, espèce vulnérable, à travers un suivi individuel en télémétrie acoustique autour de l’usine marémotrice de la Rance. Le second volet, réalisé en milieu contrôlé, étudie les effets des champs électromagnétiques sur la survie, le développement, la croissance, et le comportement des élasmobranches.
Les résultats permettront d’améliorer les connaissances des impacts des EMR sur les espèces marines et ainsi apporteront les informations essentielles aux gestionnaires et décideurs pour répondre aux enjeux de développement des EMR sans nuire au maintien de la biodiversité marine.
DEPAAR2B
L’anguille européenne a un cycle de vie bien spécifique avec une croissance qui se déroule en rivière pendant 4 à 18 ans et une unique reproduction qui a probablement lieu en mer des Sargasses à plus de 6 000 km des côtes européennes. L’espèce est considérée en danger critique d’extinction par l’UICN. Les causes du déclin de l’anguilles sont multi factoriels et comprennent, entre autres, la destruction des habitats, les pollutions, la surexploitation, le parasitisme, ou encore les obstacles à la migration.
Les milieux aquatiques du marais de la Grande Brière Mottière et des marais du Brivet représentent un ensemble de milieux interconnectés permanents privilégiés pour l’anguille européenne qui y trouvent des habitats très favorables à leur croissance. La population est soutenue naturellement par l’arrivée des juvéniles, appelés civelles, provenant de l’estuaire de la Loire via les canaux gérés par les quatre ouvrages estuariens et notamment celui de Méan à l’embouchure du Brivet. L’anguille y est particulièrement recherchée par les pêcheurs amateurs aux engins de Brière et à la ligne pour le haut Brivet, et elle est sans nul doute source d’aménités pour le territoire. Elle représente une forte valeur socio-culturelle et probablement une ressource économique pour les détenteurs des droits de pêche.
Dès la création en 1970 du Parc naturel régional (Pnr) de Brière, le déclin de l’anguille a été constaté sur le territoire du Parc. Afin de faire face à ce déclin, des réserves et des manœuvres d’ouvrages ont été mis en place pour compenser le déficit en recrutement en civelles. Cependant les suivis historiques indiquent une chute brutale du nombre d’anguille après trois années de vie en eau douce. Ce constat pose la question de la survie des anguilles au-delà d’une certaine taille et donc de la capacité de la Brière à produire des anguilles argentées qui contribueront au stock de géniteurs. Par ailleurs, les manœuvres d’ouvrages mis en place n’intègrent pas la nécessaire migration des anguilles vers l’estuaire pour leur migration vers le lieu de leur reproduction ce qui pourrait conduire à un blocage total de la migration. Ainsi, alors que la Brière représente l’un de ses principaux habitats de l’anguille à l’échelle de la Loire, les caractéristiques de sa population, les modalités de l’échappement et de la contribution d’anguilles argentées briéronnes au stock européen en fonction de la gestion hydraulique sont aujourd’hui inconnues et restent à définir.
Le projet depaar2b, qui débutera en avril 2025, vise à caractériser la population d’anguilles européennes (jaunes et argentées) du Pnr de la Brière, à estimer le niveau d’échappement actuel et la contribution d’anguilles argentées briéronnes au stock européen ainsi qu’à déterminer les éventuels facteurs bloquants de la migration (gestion des barrages et vannages notamment). Le but du projet est de proposer, si nécessaire, des mesures de gestion permettant d’améliorer la production et l’échappement d’anguilles argentées depuis le bassin du Brivet.