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Valentine ANDRE
Ancien membre du laboratoire
Tortues et Pêche Accidentelle, vers des Solutions de réduction Efficientes (TOPASE)
Aux Antilles françaises, la pêche est majoritairement artisanale. Elle se caractérise par des métiers dits côtiers, qui exploitent principalement les ressources démersales, et des métiers dit « du large » ciblant d’avantage des espèces pélagiques. La pêche côtière représente 62% des navires actifs de Martinique en 2019 et 65% en Guadeloupe en 2018. A eux seuls, les métiers associés aux filets maillants droits représentent 34% de la flottille guadeloupéenne en 2018 et 26% de la flottille martiniquaise en 2019 (source : données SIH). Certaines pêcheries côtières représentent localement une forte valeur commerciale de par les espèces ciblées. D’autres espèces sont également ciblées par les filets maillants de fond et destinées à la consommation locale, assurant une part de la sécurité alimentaire des territoires. Or, des travaux précédents ainsi que des témoignages de marins-pêcheurs font état de captures accessoires de tortues marines : tortues vertes (Chelonia mydas), tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata) et tortues caouannes (Caretta caretta), dans certains de ces filets de fond et à certaines périodes de l’année. Pour les marins pêcheurs, ces captures représentent aussi bien un manque à gagner (diminution des captures d’espèces cibles), une perte de temps et économique (démaillage, réparation ou remplacement des engins détériorés) mais également un sentiment de gaspillage et génère une situation anxiogène. Or, les tortues marines sont menacées d’extinction au niveau mondial. A l’échelle nationale, elles bénéficient ainsi d’un plan d’actions, destinées à améliorer leur état de conservation. Plus localement, leur pêche est interdite depuis 1991 en Guadeloupe et 1993 en Martinique.
Fort de ce constat, le projet TOPASE (Tortues et Pêche Accidentelle, vers des Solutions de réduction Efficientes) a émergé, en Martinique et en Guadeloupe. Financé par le FEAMP via sa mesure 39 « Innovation liée à la conservation des ressources biologiques de la mer », il s’articule autour de la co-construction, avec des marins pêcheurs volontaires, de dispositifs et pratiques innovantes, permettant de réduire ces interactions et ainsi engager le développement d’une pêche plus durable avec des engins sélectifs.
Ce projet est porté par le CNRS, chef de file, en partenariat avec l’IFREMER et le Parc National de Guadeloupe, pour une durée de 2 ans et demi, jusqu’en novembre 2022. Il comporte 4 objectifs spécifiques qui devront être développés en concertation avec la profession :
- La mise en place d’un partenariat durable avec les marins pêcheurs professionnels en vue de prendre en considération leurs perspectives ;
- La proposition de modifications innovantes aux engins de pêche actuels pour limiter l'impact de la pêche sur les tortues marines et leur habitat tout en maintenant les rendements économiques ;
- La proposition des pratiques et gestes de pêche innovants pour diminuer l'incidence des captures accidentelles de tortues marines ;
- Un engagement transversal et multi-acteurs de ces pratiques dans la durée, à l'échelle des deux territoires.