TRECH
Membres impliqués
Ecologie Trophique de l'espèce invasive et ingénieur Crepidula fornicata
Coordinateur Principal : Antoine CARLIER | Laboratoire d’Ecologie Benthique, Unité DYNECO, IFREMER-Centre Bretagne, ZI Pointe du Diable, CS 10070, 29280 Plouzané, France
La crépidule (Crepidula fornicata) est un gastéropode marin, originaire de la côte est des Etats-Unis, qui a été introduit accidentellement sur les côtes européennes et a ensuite proliféré au point de devenir une espèce invasive marine emblématique sur la façade Manche-Atlantique française. Cette espèce benthique, suspensivore et grégaire (formant des chaînes d’individus) a proliféré pendant 40 ans, modifiant profondément certains écosystèmes côtiers. Son succès s’explique principalement par sa stratégie de reproduction très efficace et sa forte adaptabilité face aux changements des facteurs environnementaux. Néanmoins, des dynamiques invasives contrastées et même des régressions sont observées sur son aire de distribution secondaire. La crépidule est un modèle d’étude original car c’est également une espèce ingénieur. En forte densité, elle modifie durablement son habitat, créé une structure tridimensionnelle complexe à l’interface eau-sédiment et fournit de nouvelles niches écologiques pour un large cortège d’espèces. Ce projet propose d’explorer plus avant une facette moins connue de l’écologie de la crépidule, celle qui a trait à sa stratégie alimentaire et sa niche trophique, le but étant de déterminer si elles peuvent contribuer également au caractère invasif de l’espèce. L’expansion de ce gastéropode est très souvent perçue comme une menace pour l’intégrité des écosystèmes côtiers. Pourtant, cette espèce n’engendre pas que des impacts négatifs et son écologie trophique ne se limite vraisemblablement pas à des relations de compétition avec les autres organismes suspensivores. Ce projet, qui s’articule autour d’une thèse de doctorat, examinera donc les interactions entre la crépidule, le biofilm qui se développe à l’interface eau-sédiment (et qui comprend en particulier le microphytobenthos subtidal) et les autres consommateurs primaires benthiques des écosystèmes colonisés. Il accordera pour cela une large part à l’expérimentation en milieu contrôlé (manipulation des sources de nourriture et des consommateurs benthiques au sein de mésocosmes). Un suivi in situ sera aussi entrepris sur l’habitat à crépidules de la rade de Brest (Bretagne) pour comprendre la dynamique saisonnière de l’utilisation des ressources disponibles et les disparités entre les bancs vivants et les bancs en déclin. Des méthodes d’investigation innovantes seront utilisées comme l’imagerie hyperspectrale (pour analyser la production primaire benthique) et l’analyse conjuguée de différents marqueurs trophiques (pour discriminer les niches trophiques des consommateurs). Enfin, un effort de communication auprès des divers usagers du milieu marin sera entrepris, en mettant l’accent sur le fait que cette espèce n’est désormais plus seulement considérée comme un envahisseur mais fait l’objet de plusieurs tentatives de valorisation.
Financement :
- IFREMER : unité DYNECO, Laboratoire d’écologie benthique (T. Androuin, A. Carlier)
- Université de Nantes : Unité Mer Molécules Santé (Priscilla Decottignies, Bruno Jesus)
- LEMAR-IUEM : (Aude Leynaert, Gauthier Schaal)
- Muséum National d'Histoire Naturelle : UMR BOREA, SOMAQUA (Cédric Hubas)
- Université Stony Brook : (Nils Volkenborn)