A la Une. MOSCECO. Modélisation, scénarisation et connectivité de la biodiversité côtière des Antilles françaises
A la Une. MOSCECO. Modélisation, scénarisation et connectivité de la biodiversité côtière des Antilles françaises
La biodiversité côtière benthique de l’archipel de la Guadeloupe et l’île de la Martinique a été le sujet de trois missions scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) afin d’en dresser un inventaire taxonomique le plus complet possible. Les missions Karubenthos 2012, Karubenthos 2015 et Madibenthos 2016 se démarquent d’autres campagnes de prélèvement du fait : (1) du nombre de spécimens collectés (plusieurs dizaines de millier tous taxons confondus), (2) de la diversité des méthodes de collectes utilisées (permettant d’échantillonner le plus d’habitats possibles), (3) de son emphase sur des taxons méconnus (algues, mollusques, crustacés) en comparaison des taxons « phares » (coraux ou poissons) couramment utilisés dans les plans de conservation. La grande diversité des habitats benthiques caribéens mise à jour par ces missions est aussi caractérisée par une singularité étonnante entre ces deux localisations (avec une diversité taxonomique commune de seulement 40 % pour certains taxons pour seulement 200 km d’éloignement). Ces écosystèmes marins sont par ailleurs soumis aux facteurs communs de stress observés sur les littoraux (urbanisation, sur-exploitation, changements climatiques).
La façon dont les compartiments écologiques sont organisés et connectés et comment les patrons de biodiversité sont contraints par l’environnement abiotique sont encore mal compris. C'est pourtant un préalable indispensable à la mise en œuvre de stratégies de conservation. Le projet MOSCECO s’intéresse à décrire et à chercher une origine environnementale des patrons de diversité d’espèces méconnues, ainsi qu’à mettre en lien des stratégies de protection des communautés avec des patrons de diversité. Le projet MOSCECO s’attachera :
1) À caractériser (a) les environnements abiotiques de Guadeloupe et de Martinique à l’aide de données environnementales satellitaires et (b) leurs biocénoses à partir de cartes de diversités taxonomiques observées et corrigées, en prenant en compte l’effort d’échantillonnage fourni par le MNHN lors des collectes (notamment par l’utilisation du cadre conceptuel développé par Anne Chao). Les taxa utilisés seront les mollusques et les crustacés, ainsi que les jeux de données des gastéropodes Muricidae Rafinesque, 1815 et des crabes Majoidea Samouelle, 1819, dont tous les spécimens ont été identifiés à l’espèce ;
2) À produire des cartes de distribution au moyen de Modèles de Distribution d’Espèces (MDE ou SDM pour Species Distribution Modelling) pour les espèces pertinentes de Majoidea et de Muricidae, à partir des variables environnementales étudiées dans le premier point. Des projections des aires de répartition ainsi produites permettront d’identifier des zones ou des espèces sensibles aux changements climatiques prévus par le GIEC ;
3) À produire des indicateurs de diversité, de connectivité voire de rareté afin d’identifier les « points chauds » de biodiversité et les relations de co-occurrences observées entre les assemblages et d’éventuelles pressions anthropiques.
Contact BOREA : Eric Goberville