PROJET BARBèS
L'activité du benthos sur les habitats sédimentaires, un nouveau facteur à l'étude dans l'estuaire de la Seine
BARBèS ! Barbès, le célèbre quartier cosmopolite de Paris ? Non, rien à voir. Il s'agit d'un projet de recherche qui a pour objectif de modéliser l'impact de l'activité des invertébrés fouisseurs sur la morphologie des fonds sédimentaires, à partir des données collectées dans l'estuaire de la Seine.
Rappelez-vous. Un article publié en octobre 2013 intitulé « La petite faune des fonds estuariens passée au tamis » mettait en lumière une composante du monde vivant de l'estuaire de la Seine beaucoup moins connue et médiatisée que les oiseaux et pourtant toute aussi importante, celle du zoobenthos, un terme regroupant les animaux aquatiques et marins vivant sur les fonds : vers, mollusques, échinodermes, crustacés...
Suivi avec beaucoup d'attention depuis plusieurs années par les écologues pour son rôle en tant que maillon indispensable de la chaîne alimentaire et élément indicateur de l'état de santé des habitats sédimentaires, un groupe de chercheurs étudie désormais l'impact du benthos sur la structure des fonds sédimentaires et leur sensibilité à l'érosion.
Intégré dans le programme d'étude du GIP Seine-Aval, ce projet ambitieux est conduit par Francis ORVAIN, maître de conférences à l'IUT de Caen. Il mobilise pas moins de quatre équipes de chercheurs, spécialisés dans les domaines de l'écologie et de l'environnement (CNRS-INEE et université de Caen dans le cadre de l'UMR de Biologie des ORganismes et Ecosystèmes Aquatiques), des sciences de l'univers (CNRS-INSU et université de Caen dans le cadre de l'UMR de Morphodynamique Continentale et Côtière), de la physique hydrodynamique et sédimentaire (IFREMER, centre de Brest), des sciences pharmaceutiques et biologiques (université de Nantes et l'EA de Mer, Molécules, Santé) et les équipes de la Cellule de Suivi du Littoral Normand et de la Maison de l'Estuaire.
La première phase du projet consiste à tester la sensibilité à l'érosion de différents types d'échantillons sédimentaires, en fonction de la nature et de la densité du peuplement benthique de chaque station échantillonnée. Un second facteur également étudié est le film algal très fin qui tapisse les fonds et qui a tendance à stabiliser le sédiment et ralentir l'érosion, à l'inverse des animaux fouisseurs, comme le corophuim, la telline, le ver néréis ou la scrobiculaire, qui le fragilisent en creusant siphons et galeries.
Cette phase s'est déroulée cet automne dans l'estuaire de la Seine, en même temps que la campagne annuelle de prélèvement des sédiments, réalisée par la Cellule de Suivi du Littoral et la Maison de l'Estuaire. La salle de réunion de la Maison de l'Estuaire s'est temporairement transformée en laboratoire. Un imposant dispositif a été installé. Il permet de recréer un courant, à vitesse et pression modulables, circulant sur l'échantillon de sédiment et de mesurer les paramètres témoignant de son érosion progressive. En tout 15 prélèvements ont été testés.
L'analyse de toutes ces données permettra ensuite d'intégrer, au cours d'une deuxième phase, ces nouveaux paramètres liés à l'activité benthique et algale dans les modèles hydro-sédimentaires de l'IFREMER, utilisés à des fins d'études, d'aménagement, de gestion ou de restauration des écosystèmes littoraux.
Contact UMR BOREA : Francis Orvain, équipe 5