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- Jérôme FOURNIER
Jérôme FOURNIER
Les polychètes tubicoles sont des modèles biologiques non conventionnels permettant d'étudier certains mécanismes de biominéralisation et de bioconstruction (Animal Architecture dans le sens de M. Hansell). Les principaux modèles se divisent en 2 catégories : les annélides qui assemblent des éléments clastiques pour construire leurs tubes : Sabellaria alveolata, Lanice conchilega et Phragmatopoma caudata et celles dont le tube est composé de carbonate de calcium : Ficopomatus enigmaticus, Serpula vermicularis et Pomatoceros triqueter. Ces annélides sont à l'origine de récifs biogéniques originaux puisque radicalement différents des récifs élaborés par les coraux hermatypiques ou les stromatolites issus de l'activité de communautés de cyanophycées. Certaines espèces d'annélides sont sujettes à des dynamiques populationnelles importantes et peuvent ainsi coloniser rapidement de larges portions d'espace. Les modalités de ces expansions soudaines sont encore très mal connues surtout dans un contexte de changement. Ces espèces sont d'excellentes candidates pour étudier les mécanismes de colonisation.
Les différents niveaux d'organisation du vivant sont étudiés via des approches résolument interdisciplinaires et intégratives de types bottom-up et top-down (de la biologie moléculaire à la physique en passant par les sciences de la terre et de la vie).
Gènes (écogénétique, phylogéographie, biogéographie)
Colle (géochimie, biomimétisme)
Clastes (microsédimentologie)
Tubes (physique des matériaux, biosédimentologie)
Récifs (biogéomorphologie, topographie)
Habitats (écologie, valeur et diversité fonctionnelle, écologie du paysage)
Ecosystèmes (biologie de la conservation)
L'objectif de ces recherches est de mieux comprendre les interactions entre les organismes ingénieurs et leur environnement dans un contexte évolutionniste (à toutes les échelles : du gène au récif). Avec mon équipe de recherche, j'étudie notamment les relations entre la plasticité du phénotype (dans le contexte de l'Extended Phenotype de R. Dawkins) des Sabellaridae et d'autres organismes récifaux avec les gradients et/ou stress environnementaux (hydrodynamique, anthropiques...). Dans ce cadre, je cherche à savoir dans quelle mesure la forme des récifs est contrôlée par les gènes ou par l'environnement physique, et confirmer ainsi certaines théories néodarwinistes. Les formes d'origine biogéniques de notre planète évoluent elles-mêmes selon des processus darwinistes. Un second objectif est de comprendre la dynamique de croissance spatiale (phases de contaction et de progression) des récifs à travers l'analyse des patterns spatiaux, la complexité des réseaux et le couple résilience/résistance. Le troisième objectif envisage d'étudier la genèse des bioconstructions dans le temps long pour comprendre l'origine, le rôle et les mécanismes de l'évolution de la biodiversité des bioconstructions, et de prévoir ses réponses vis-à-vis des changements globaux (trophodynamique récifale, fonctionnalités). L'estimation de la valeur fonctionnelle de ces bioconstructions permet d'envisager des mesures conservatoires issues d'approches théoriques de la biologie de la conservation et de l'écologie du paysage.