A la Une. CEMARB : Concilier Energie MARine et Biodiversité

A la Une. CEMARB : Concilier Energie MARine et Biodiversité

Dans le contexte du changement climatique, la production d’énergie constitue l’un des défis socio-économiques et environnementaux majeurs des décennies à venir, soulevant d’importants enjeux stratégiques, économiques et financiers. Parmi les producteurs d’énergies marines renouvelables (EMR), les parcs éoliens offshores sont aujourd’hui en plein essor notamment en Europe et sont considérés comme une source d'énergie clé de la transition énergétique (Esteban et al., 2011; Gill et al., 2014). Les parcs éoliens peuvent induire du bruit, des vibrations, des interruptions de la continuité écologique et génerer des champs électromagnétiques au niveau des câbles électriques sous-marins (CES). Ces derniers peuvent affecter le comportement d’espèces électro- et magnéto-sensibles, qui utilisent les champs électromagnétiques « naturels » pour se déplacer et se nourrir. La multiplication des implantations de champs éoliens offshore risque d’amplifier ces effets alors que les informations existantes sur leurs conséquences sur les communautés ichtyologiques restent parcellaires. Les études réalisées sont limitées à quelques espèces d’intérêt commercial et l’exposition aux champs électromagnétiques demeure relativement courte. Les CES peuvent transmettre du courant alternatif (AC) ou continu (DC) selon la fonction, la puissance et la longueur de la ligne de transmission des éoliennes. Actuellement, les parcs implantés à moins de 50 km de la côte utilisent du courant AC alors que les futurs parcs éoliens plus puissants seront implantés à plus de 50 km et utiliseront du courant DC. Dans ce contexte, Le projet CEMARB vise à identifier et évaluer les effets des champs magnétiques DC et AC sur la survie, le développement, la croissance et le comportement des élasmobranches, espèces électro-sensibles et à enjeux de conservation.

Pour cela des stades précoces (œufs) de la petite roussette Scyliorhinus caniculata sont exposés de manière prolongée (jusqu’au stade juvénile) et en milieu contrôlé à des champs électromagnétiques d’intensité variable en DC ou en AC. Ces champs correspondent aux champs retrouvés au niveau des câbles de raccordement des parcs éoliens. L’impact de ces champs est évalué à travers le suivi d’un panel d’indicateurs : survie, développement, croissance, sex ratio, métabolisme aérobie (respirométrie) et comportement (niveau, type et temps d’activité jour/nuit, avec ou sans champs). Les résultats de cette étude projets permettront de comprendre plus précisément comment les élasmobranches réagissent aux champs électromagnétiques selon leur intensité et le type de courant et donc le type de parc éolien offshore (fixé ou flottant). Ils permettront d’améliorer les connaissances des impacts des EMR sur les espèces marines et ainsi apporteront les informations essentielles aux gestionnaires et décideurs pour répondre aux enjeux de développement des EMR sans nuire au maintien de la biodiversité marine.

Contacts



 

Portrait de Julie LUCAS
Julie LUCAS
MNHN CRESCO Dinard
Contractuelle de la recherche
BIOPAC
Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN)
Publié le 27 mai 2024
Mis à jour le 30 juin 2024