Integrating Ecosystem Engineering and Food Web Ecology: Testing the Effect of Biogenic Reefs on the Food Web of a Soft-Bottom Intertidal Area
De Smet B, Fournier J, De Troch M, Vincx M, Vanaverbeke J (2015). PLoS ONE 10(10): e0140857. doi:10.1371/journal.pone.0140857
L’hypothèse que des espèces ingénieurs de l'écosystème sont capables de modifier la structure et la dynamique des réseaux trophiques a récemment été émise. Cet article qui porte sur les agrégations biogènes intertidales créés par l'espèce Lanice conchilega (Polychaeta, Terebellidae) tente de le démontrer.
Ces agrégations, ou banquettes, sont connues par les écologues benthiques pour avoir un impact considérable sur les caractéristiques physiques et biogéochimiques de l’environnement hydro-sédimentaire dans lequel l’espèce L. conchilega s’installe. Cette espèce contrôle également fortement l'abondance et la biomasse de la macrofaune associée (i.e. macro-, hyper- et épibenthique) mais aussi celles des principales sources de nourriture. Par voie de conséquence, nous avons émis l'hypothèse que les agrégations de L. conchilega pouvaient affecter la structure, la stabilité et la niche isotopique d’un réseau trophique structuré par une communauté intertidale des sédiments meubles. Les sources de la production primaire et tous les consommateurs bentho-pélagiques d’une banquette à L. conchilega ont été échantillonnées sur deux zones intertidales situées sur les côtes françaises et ont été analysées via leurs isotopes stables.
Nos résultats montrent que bien que L. conchilega ait un impact fort sur la structure de la communauté de la macrofaune, sa présence n’a qu’un effet mineur sur la structure du réseau trophique. L’amplitude de la niche isotopique de la communauté des consommateurs des banquettes à L. conchilega et des zones contrôles sont très similaires, ce qui implique que les consommateurs ne modifient pas leur régime alimentaire lorsqu’ils s’alimentent sur les agrégations de L. conchilega pourtant qualifiée d’espèce ingénieure. Certaines espèces ingénieures de l’écosystème, dont L. conchilega, modifient certes certains paramètres biotiques et abiotiques, mais ne contribuent pas à modifier la structure du réseau trophique de la communauté qu’elle contrôle.
Contact BOREA : Jérôme Fournier, chercheur CNRS, équipe 1