Retour sur... L'expédition Cerro Blanco 2017

29 sep 2017

L’expédition franco péruvienne Cerro Blanco 2017 revient avec des poissons cavernicoles

L’expédition pluridisciplinaire Cerro Blanco 2017 organisée par l’IRD et ses partenaires, dans le cadre des 50 ans de l’IRD au Pérou fut l’occasion d’explorer la biodiversité méconnue des poissons des rivières et des karsts de l’Alto Mayo dans le Nord Pérou (bassin Amazonien). Ce travail a été réalisé par des chercheurs du Muséum d’Histoire Naturelle de Lima (Université Mayor de San Marcos), de l’Institut de Recherche sur l’Amazonie Péruvienne (IIAP) et de l’IRD (UMR BOREA).

Les formations karstiques tropicales forment des isolats de plus ou moins grande taille, caractérisés par une dynamique tectonique complexe créant une grande diversité de milieux très originaux, propices au développement d’une riche biodiversité et d’un endémisme élevé. Un des objectifs de l’expédition visait à tester l’idée que les karsts tropicaux andino-amazoniens jouent le rôle d’une machine à spéciation. La colonisation des réseaux souterrains par des espèces de poissons plus ou moins adaptés à la vie cavernicole est l’un des rouages de cette machine à spéciation. Plusieurs groupes de poissons andins, dont les Trichomycterus et les Astroblepus, sont par ailleurs connus pour leur capacité à coloniser durablement les milieux souterrains et à entamer des processus de modifications morphologiques et écologiques permettant de s’adapter à ces milieux alors que des populations congénères continuent de se développer dans les milieux superficiels proches.

Les explorations réalisées dans les grottes de l’Alto-Mayo ont permis de découvrir une densité de colonisation des systèmes souterrains rarement décrit dans la littérature scientifique. Les poissons présentaient parfois des caractéristiques morphologiques identiques à ceux des rivières superficielles. Mais nous avons pu identifier des populations du genre Trichomycterus adaptées à la vie cavernicole (absence et/ou réduction de la pigmentation et du système oculaire). Dans certaines cavités nous avons pu observer des assemblages composés a priori d’au moins deux espèces différentes et des individus présentant différents degrés d’adaptation à la vie souterraine (photo 1).

Photo 1. Spécimens de Trichomycterus collectés dans une même grotte de l’Alto-Mayo (Amazonas, Perú). L’individu M10 semble appartenir à une espèce différente. Les individus M1, M2 et M3 ont été collectés dans le même habitat. Ils présentent un net gradient d’adaptation à la vie cavernicole. (photo BOREA/M.Pouilly).

Contact : Marc Pouilly, chargé de recherche IRD, équipe 6 de l'UMR BOREA