Spéciation sympatrique chez les cichlidés en Amazonie, Spéciation et sélection sexuelle dans le modèle /Apistogramma agassizii/ (Steindachner, 1875)
Les cichlidés amazoniens ont été très peu étudiés en comparaison de leurs apparentés africains et notamment les Haplochromines du lac Victoria qui sont cités comme un des exemples de spéciation et de radiation adaptatives chez les vertébrés. Ces espèces auraient divergées en sympatrie et les mécanismes de spéciations reposeraient principalement sur la sélection sexuelle combinée à de nombreuses opportunités écologiques. Nous avons choisi le modèle Apistogramma agassizii pour tester la spéciation rapide en sympatrie chez les cichlidés en Amazonie et mieux comprendre l’hyperdiversité spécifique en Amazonie. A. agassizii présente de nombreuses similitudes avec les Haplochromines en particulier un polymorphisme de couleur et un choix préférentiel du partenaire par les femelles. Nous avons montré en combinant l’analyse de 2 gènes mitochondriaux (COI et Cyt b) et 10 locus microsatellites de 1171 individus que, dans la petite région d’Amazonie péruvienne étudiée, trois entités que nous avons appelé Sp1, Sp2 et Sp3, sont présentes. Elles représentent à la fois des clusters génotypiques, des clades monophylétiques voire des « espèces » biologiques qui sont jusqu’à maintenant regroupées sous le nom d’A. agassizii. Des expérimentations sur le choix de partenaire entre les « espèces » Sp1 et Sp2 ont révélé un isolement prézygotique. L’analyse des locus microsatellites a mis en évidence que ces trois « espèces » constitueraient trois complexes d’espèces à différents stades de différenciation dont les limites géographiques sont contenues par des rivières jouant le rôle de barrières aux flux de gènes ; mais aussi qu’une partie des divergences génétiques observées à l’intérieur des complexes se seraient produites en sympatrie et pourraient avoir été maintenues par de la sélection sexuelle. L’hypothèse de la spéciation sympatrique est discutée et étayée à la lumière de nos résultats.