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Carl POSSEME
SEELURE : Evaluation de la prédation de l’anguille jaune (Anguilla anguilla) par le silure glane (Silurus glanis) dans un marais de l’Erdre
Le projet « Seelure » porté par le Muséum National d’Histoire Naturelle est un projet collaboratif, associant des scientifiques (Muséum National d’Histoire Naturelle et Université de Rennes 1) et des pêcheurs professionnels (Association Agréée des Pêcheurs Professionnels en Eau Douce de Loire Atlantique AAPPED44). Ce projet se déroulera sur le marais de Mazerolles, en Loire-Atlantique, à proximité directe de l’estuaire de la Loire. Ce projet pourrait permettre d’obtenir des données fiables sur les relations entre les anguilles européennes (espèce halieutique exploitée, en danger critique selon l’IUCN mais non protégée) et un super-prédateur nouvellement arrivé sur de nombreux bassins versants et estuaires français : le silure glane. La prédation sur les anguilles a déjà été étudiée, mais principalement au stade argenté qui est décrit comme susceptible d’être vulnérable à la prédation dans les habitats marins peu profonds, tels que la sortie des estuaires, le plateau continental (Béguer-Pon et al., 2012; Righton et al., 2016; Wahlberg et al., 2014; Westerberg et al., 2021), ou un passage maritime étroit comme le détroit de Gibraltar (Westerberg et al., 2021). En rivière et sur la phase de croissance, appelée « anguille jaune », la prédation a longtemps été considérée comme négligeable, en raison de l’écologie de cette espèce (espèce lucifuge et utilisant des caches). Cependant, depuis l’arrivée, parfois invasive, du silure glane Silurus glanis dans de nombreuses rivières d’Europe de l’Ouest, cette hypothèse devrait être à nouveau vérifiée car le silure est un prédateur potentiel des anguilles (Copp et al., 2009; Guillerault et al., 2017). De plus, la propagation du silure est susceptible de se poursuivre en raison d'introductions volontaires, notamment pour la pêche récréative à la ligne, associées à l'extension naturelle de l'aire de répartition du silure liée au changement climatique (Cucherousset et al., 2018). Ainsi, afin d’évaluer au mieux les stocks d’anguilles et la dynamique de population de cette espèce, il apparait vraiment important d’évaluer et de prendre en compte cette éventuelle pression de prédation. Celle-ci pourrait s’exercer sur tous les stades de développement : anguillettes en phase de montaison, anguilles jaunes en phase de croissance et anguilles argentées en phase de dévalaison. En 2021, une étude a donné la priorité à la phase argentée car elle concerne les futurs géniteurs au début de leur migration génésique, et donc l’impact sur le succès reproducteur est direct et facilement appréhendable (étude GlanisPoMi, Muséum National d’Histoire Naturelle, en cours de publication). Cette étude n’a pas mis en évidence une prédation des silures sur les anguilles argentées. Les raisons de cet évitement pourraient être liées à la dévalaison des anguilles argentées, laquelle se déroule majoritairement en automne ou en hiver sur de forts débits, et donc des vitesses de courant, une hauteur d’eau et une turbidité élevées, rendant les proies plus difficilement distinguables et capturables. En revanche, dans cette même étude, des anguilles de plus petites tailles (anguilles jaunes) ont été trouvées dans les contenus stomacaux des silures. Il apparait donc judicieux d’étudier à présent une éventuelle prédation des anguilles jaunes par les silures glanes.