Dans les pays du Sud, le littoral est fortement impacté par la présence de grandes villes qui rejettent des eaux usées traitées dans de très faibles proportions. Ces rejets se traduisent par le développement de blooms phytoplanctonique dont la biomasse atteint des concentrations exceptionnellement élevées dans les zones les plus eutrophes et confinées. Ces milieux littoraux abritent aussi des écosystèmes de mangrove qui renferment des quantités importantes de « carbone bleu » dans leur sols.
Le projet VuBleu a pour objectif d’étudier l’impact de l’eutrophisation du littoral en milieu tropical sur les mécanismes de stockage de carbone bleu dans les sols de mangrove, à travers une approche multi proxy des processus de dégradation de la matière organique (MO) et d’exportation de carbone vers les eaux côtières.
En collaboration avec notre partenariat brésilien (Université Fédérale Fluminense) nous chercherons à savoir si le dépôt de MO d’origine phytoplanctonique sur les sols de mangrove en conditions eutrophes mène à davantage d’enfouissement de carbone ou si au contraire il favorise la reminéralisation et du déstockage de carbone bleu à travers un effet priming. Le travail repose sur la comparaison de trois sites de mangroves situés le long d’un gradient régional d’eutrophisation dans l’état de Rio de Janeiro au Brésil, sur lesquels nous disposons déjà de données de flux sol-air de CO2 et CH4 et de taux d’enfouissement du carbone (210Pb), ainsi qu’une approche expérimentale. Nous étudions la composition de la MO (isotopie, acides gras, pigment photosynthétiques) dans les matières en suspension et les sols, les concentrations en carbone organique et inorganique dissous dans les eaux interstitielles et de criques au cours de cycles de marées (étude du pompage tidal), la diagénèse précoce (micro-électrode, gels, modélisation), l’activité exo-enzymatique des procaryotes, ainsi que l’évolution des propriétés optiques des eaux (chlorophylle, matière organique colorée) depuis les eaux interstitielles jusqu’aux baies. Une expérience de dégradation en batch sera menée pour tester l’hypothèse de l’effet priming en mélangeant du sol de mangrove avec du matériel phytoplanctonique et en suivant les cinétiques de disparition des marqueurs ainsi que de l’activité enzymatique. Deux campagnes de terrain seront réalisées par année, en 2019 et 2020, pour lesquelles le projet bénéficiera d’un appui financier supplémentaire de la part des partenaires brésiliens.
Projet binational France-Brésil : LEFE-CYBER (INSU) France, FAPERJ CNPq Brésil
Période : 2019-2020
Partenaires :
UMR LPG-BIAF (Angers)
UMR LOG (Wimereux)
Université Fédérale Fluminense (Niteroi Brésil)
Contact BOREA : Gwenaël Abril