Current knowledge of New Caledonian marine and freshwater ichthyofauna, SW Pacific Ocean: diversity, exploitation, threats and management actions

Current knowledge of New Caledonian marine and freshwater ichthyofauna, SW Pacific Ocean: diversity, exploitation, threats and management actions

Y. Letourneur, N. Charpin, M. Mennesson, P. Keith. Current knowledge of New Caledonian marine and freshwater ichthyofauna, SW Pacific Ocean: diversity, exploitation, threats and management actions. Cybium 2023, 47(1) : 017-030. doi: https://doi.org/10.26028/cybium/2023-471-002

État actuel des connaissances sur l’ichtyofaune marine et dulçaquicole de la Nouvelle-Calédonie, SO océan Pacifique : diversité, exploitation, menaces et mesures de gestion

Situé dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, l’archipel néo-calédonien héberge une ichtyofaune diversifiée et originale. Les milieux marins rassemblent 2339 espèces de poissons, dont ~1450 pour les seuls récifs coralliens et un total de 94 endémiques, surtout en milieux profonds. La proximité du centre de biodiversité (le “triangle de corail”), ainsi que la très grande variété des habitats côtiers et leur relatif bon “état de santé” sont probablement des raisons majeures pour expliquer cette richesse spécifique élevée. Les eaux douces (hors estuaires et eaux saumâtres) comptent 94 espèces, dont 12 introduites et 8 endémiques. La plupart de ces espèces sont diadromes et surtout amphidromes et illustrent un mode de vie adapté aux rivières locales. L’ichtyofaune néo-calédonienne est soumise à différentes perturbations d’intensité et/ou de fréquence variables. Certaines perturbations sont naturelles et vont affecter les habitats plus que les espèces de poissons elles-mêmes, comme par exemple les cyclones qui peuvent affecter à la fois les écosystèmes côtiers (récifs coralliens, herbiers de phanérogames, mangroves) et d’eaux douces. Les pressions anthropiques sur l’ichtyofaune sont de plusieurs natures. La pêche est largement pratiquée, tant en rivière qu’en milieux côtiers et dans la ZEE, mais ne semble pas actuellement constituer une grave menace pour les populations ciblées. L’aquaculture néo-calédonienne est très largement focalisée sur la crevetticulture, mais la pisciculture (actuellement marginale) pourrait se développer dans les années à venir. Les activités minières en lien avec l’extraction du nickel (et accessoirement du cobalt) sont une problématique nettement plus sérieuse. Les impacts potentiels de ces activités minières diffèrent de ceux des cyclones notamment par leur côté régulier (sinon permanent) et non ponctuel d’une part, et par le fait qu’ils accroissent considérablement le risque de contamination des milieux dulçaquicoles et côtiers par des éléments traces métalliques d’autre part. Ces éléments métalliques ainsi que divers contaminants organiques (pesticides et PCBs) sont en effet retrouvés dans les poissons coralliens. D’autres menaces plus spécifiques concernent les poissons d’eau douce, comme les aménagements hydrauliques ou encore la prolifération de certaines espèces introduites et invasives. Pour tous les écosystèmes aquatiques néo-calédoniens, l’enjeu majeur du changement climatique ne peut être ignoré, mais ses impacts restent encore peu documentés. Environ 15 000 km² de zones récifo-lagonaires sont inscrites au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2008 et sont, de ce fait, protégées et règlementées. À ceci s’ajoute des protections plus informelles dans d’autres secteurs côtiers où les tribus mélanésiennes assurent une gestion coutumière. Enfin, diverses règlementations existent au niveau des collectivités locales (codes de l’environnement) pour protéger certaines espèces sensibles.

Contact BOREA : Philippe Keith, philippe.keith@mnhn.fr

Portrait de Philippe KEITH
Philippe KEITH
MNHN Paris
Professeur
BIOPAC
Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN)
Publié le 24 avr 2023
Mis à jour le 31 mai 2023