Une expédition scientifique franco-péruvienne pluridisciplinaire aura lieu du 15 au 31 août 2017 dans le massif karstique de l’Alto Mayo (San Martín, Amazonie). Elle est lancée dans le cadre des 50 ans de l‘IRD au Pérou.
Les paysages karstiques sont présents en grand nombre au Pérou et sont le siège d'une grande biodiversité, encore méconnue de la communauté scientifique nationale et internationale. Le karst de Cerro Blanco se situe dans le bassin de l'Alto Mayo, l'un des plus grands "hotspots" de biodiversité. Dans cette partie du Pérou, la chaine des Andes s'est construite rapidement, durant les derniers millions d'années, ce qui a conduit à une extraordinaire évolution du relief et à une incroyable spéciation biologique. Ils constituent de véritables moteurs de cette spéciation et sont également d'excellents marqueurs des variations climatiques, de la couverture végétale ainsi que des événements tectoniques.
Cinquante chercheurs français et péruviens participeront à l'expédition pour mieux comprendre ces territoires et s'intéresseront aux caractéristiques hydrologiques et géologiques particulières de ces espaces, ainsi qu'à l'exceptionnelle biodiversité de cette région pour pouvoir en assurer sa gestion durable.
Fabrice Duponchelle, Jean-François Renno et Marc Pouilly, chercheurs IRD dans l’UMR BOREA exploreront, au cours de cette expédition, la dynamique de la diversité biologique, et plus particulièrement l’évolution de l’ichyofaune avec un focus spécial sur les poissons cavernicoles.
La faune des rivières des karsts andins du Pérou est peu explorée. Un des objectifs de leur étude sera de dresser un inventaire des espèces de poissons et de vérifier si des espèces de plaine ont pu s’adapter et perdurer lors du soulèvement de la région. Le degré d’isolement génétique et d’adaptation phénotypique (traits de vie) de ces espèces serait alors analysé par rapport aux populations de plaines. Déjà plusieurs populations de poissons cavernicoles ont été reportées dans cette région et une nouvelle espèce décrite (A. riberae, Cardona & Guerao, 1994). Un second objectif sera aussi d’explorer de nouveaux massifs et de faire l’inventaire de ces populations. Des individus de populations épigées et hypogées seront ensuite comparés au niveau morphologique, génétique et écologique pour évaluer l’isolement génétique entre populations et le degré d’adaptation des individus et populations à la vie cavernicole. Les résultats serviront à caractériser la diversité biologique et les niveaux d’endémismes des massifs karstiques, et à établir les liens fonctionnels qui peuvent exister avec des systèmes proches. Ces éléments serviront aussi à élaborer des recommandations pour la gestion et la conservation.
Partenaires péruviens :
Quatre organismes de recherche nationaux : l’IGP (Institut Géophysique du Pérou), le IIAP (Institut de Recherche de l’Amazonie Péruvienne), et le SERNANP (Service National des Aires Naturelles Protégées) – tous sous tutelle du MINAM (Ministère de l’Environnement), et l’INGEMMET (Institut National Géologique, Métallurgique et Minier).
Des universités publiques (UNMSM – Université Nationale Majeure de San Marcos), et privées (PUCP – Pontificale Université Catholique du Pérou ; UPCH – Université Péruvienne Cayetano Heredia)
Contacts BOREA :
Fabrice Duponchelle, équipe 7, fabrice.duponchelle@ird.fr
Marc Pouilly, équipe 6, marc.pouilly@ird.fr
Jean-François Renno, équipe 7, Jean-Francois.Renno@ird.fr