Le Cœlacanthe possède un poumon !
Allometric growth in the extant coelacanth lung during ontogenetic development
Camila Cupello, Paulo M. Brito, Marc Herbin, François J. Meunier, Philippe Janvier, Hugo Dutel & Gaël Clément. Nature communications 6:8222, septembre 2015 | DOI: 10.1038/ ncomms9222
Dans les ouvrages généraux consacrés au coelacanthe, Latimeria chalumnae, l’organe graisseux qui caractérise cet animal, et qui occupe toute une partie de la cavité abdominale, est considéré comme une vessie natatoire régressée par certains scientifiques notamment anglo-saxons (= « swimming bladder »). Seuls des chercheurs du Muséum ont parlé d’un poumon vestigial dans leur atlas de 1978. Or une étude comparative franco-brésilienne, menée au Muséum à l’aide de la tomographie-3D sur des stades de développement variés, montre la présence d’une ébauche pulmonaire sur la face ventrale de l’œsophage chez l’embryon du cœlacanthe. Cette ébauche grandit ensuite au cours du développement de l’animal mais elle est l’objet d’une allométrie négative pour finalement former chez l’adulte le fameux « diverticule oesophagien ». Donc en aucun cas l’organe graisseux ne peut être interprété comme une vessie natatoire transformée ; en revanche le diverticule oesophagien n’est autre qu’un poumon vestigial.
Illustration : Reconstruction tridimensionnelle du complexe pulmonaire chez un embryon de cœlacanthe de 4 cm (LT); en jaune le tube digestif, en rouge l’ébauche pulmonaire, en vert l’organe graisseux. (échelle = 5 mm)