Séminaire SAD-ABI-OMICS. Comparaison de la structure et de la dynamique interne de groupe chez deux espèces euryhalines : le mulet lippu (Chelon labrosus) et la mulet porc (Chelon ramada), par Tatiana Colchen, jeudi 17 novembre 2022

Le prochain séminaire commun du SAD, de l'ABI et de la PAM OMICS accueille Tatiana Colchen, maître de conférences à l'Université de Rennes et auparavant au sein de l'équipe BIOPAC du laboratoire BOREA.

Comparaison de la structure et de la dynamique interne de groupe chez deux espèces euryhalines : le mulet lippu (Chelon labrosus) et la mulet porc (Chelon ramada)

Présentatrice et auteur.rice.s :

Tatiana Colchen¹, Bruno Serranito², Jézabel Lamoureux², Thomas Trancart³, Eric Feunteun³, Alexandre Carpentier<sup>1

1</sup>Université de Rennes 1, UMR BOREA 7208, équipe BIOPAC - MNHN, 35042 Rennes – France

²MNHN, Station Marine Dinard CRESCO, 35800 Dinard – France

³UMR BOREA 7208, MNHN, Station Marine Dinard CRESCO, 35800 Dinard– France

Résumé :

Chez les Téléostéens, les agrégations sociales (« shoal ») et les groupements hautement polarisés, autrement dit les bancs de poissons (« school ») sont des structures de groupe largement répandus. Divers paramètres tels que les relations interindividuelles, l’homogénéité ainsi que la cohésion du groupe permettent de mettre en évidence le degré de structure sociale chez une espèce. Cependant, nous pouvons nous demander comment cette structure se met en place dans un groupe plurispécifique. Par ailleurs, les mécanismes proximaux gouvernant et maintenant la dynamique interne d’un groupe comme le métabolisme basal, le comportement individuel ou les capacités locomotrices méritent d’être davantage explorés.

Cette étude vise donc à étudier la structure de groupe ainsi que la dynamique interne de deux espèces euryhalines, le mulet lippu (Chelon labrosus) et le mulet porc (Chelon ramada). En milieu naturel, il semblerait que ces deux espèces dont les patterns de migration diffèrent, peuvent se déplacer ensemble et en groupes d’individus de tailles variées. Dans notre étude, nous avons donc formé des réplicats de groupes mono- et plurispécifiques (N = 10 pour chaque modalité). Chaque groupe composé de 10 individus a été suivi par vidéo-tracking dans un canal hydrodynamique afin d’observer les différents comportements individuels et mesurer la structure de groupe. Le tracking individuel a permis de mesurer les capacités locomotrices (vitesse de nage, distance parcourue) de chaque individu et elles ont été comparées entre des individus leaders du groupe (individus situés en moyenne plus souvent à l’avant du groupe) et les autres. Par ailleurs, la consommation d’oxygène et la variabilité comportementale interindividuelle (personnalité) a été mesurée à l’échelle des groupes dans des tunnels de nage et dans un test de prise de risque (test en groupe et test individuel). Ainsi, nous avons pu déterminer la structure de groupe (swarm vs. school) chez ces deux espèces et l’influence des comportements individuels sur cette structure. Plus particulièrement, nous avons mis en évidence la présence de variations inter- et intraspécifiques aux niveaux des mécanismes internes proximaux telles que la variabilité de traits morphologiques, de capacités locomotrices différentes, une capacité de prise de risque différente lorsque les individus sont seuls ou en groupe ou encore des niveaux de métabolisme basal distincts.

Notre étude permet de mettre en lumière de nouvelles informations sur l’origine et les mécanismes régulant une structure sociale chez les Téléostéens. De plus, elle apporte une nouvelle approche expérimentale (multi-tracking) ouvrant de futures perspectives dans l’étude de la dynamique interne au sein des groupes de Téléostéens souvent composés de plusieurs dizaines d’individus.

Mots clefs : Multi-tracking – Variations inter-individuelles – Leadership – Métabolisme basal – Personnalité